Pour qu’une indépendance de droit devienne une indépendance de fait
Cet article m’a été insufflé dans les nombreuses rencontres que j’ai faites avec des
personnes qui ne seraient pas nécessairement considérées comme des intellectuels selon
les normes occidentales, parce qu’ils n’ont pas de longues études universitaires, mais qui
pourtant ont une capacité de réflexion dotée d’une rare profondeur et frappée d’un amour
du genre humain qui laisse tout simplement coi quand on considère toutes les souffrances
auxquelles sont confrontées quotidiennement ces hommes.
Il était une fois, l’Afrique, territoire qui n’a jamais cessé de susciter les convoitises. Terre
qui vu la naissance de grands hommes et de grandes femmes comme Affonso 1 (1506-
1540), roi du Kongo qui écrivit au roi du Portugal pour dénoncer la traite des esclaves, ou
encore Nzingha (1582-1663), reine amazone de Matamba qui constitua une armée de
femmes pour lutter contre l’esclavage et Mutato le grand (1440-1480) qui s’évertua à
unifier l’Afrique en un seul empire pour résister à ce même trafic. Malheureusement
leurs efforts furent vains et ils ne purent mettre un terme à cette abomination qui fait de
l’homme un animal. Première blessure de l’Afrique. Ainsi de millions de jeunes femmes
et hommes ont été arrachés à leur contrée et transporter sur une terre étrangère pour
servir de bêtes de somme.
Ensuite est arrivé l’envahisseur, et là il ne voulait plus de la main d’œuvre, mais des
terres et tant pis si pour cela il devait massacrer des hordes d’hommes, de femmes et
d’enfants. Mais les africains ne se sont pas laissés faire, ils se sont organisé et ont résisté,
comme Shaka Zulu (1818-1828), qui unifia le royaume Zulu et constitua une véritable
armada de guerriers, Nehanda Mbuya (1862-1898), grand-mère du Zimbabwe qui devint
un leader militaire pour repousser les anglais qui s’emparaient des terres et du bétail,
Cetshwayo Kampande, dernier roi des Zulu qui infligea une défaite cuisante à l’armée
britannique en janvier 1879. Mais là encore, l’envahisseur gagna, il s’empara des terres,
traça des frontières à l’encre rouge, séparant des frères, des familles et marqua son
territoire avec des drapeaux colorés par du sang noir. Deuxième blessure.
Aujourd’hui tous les pays africains ont obtenu leur indépendance, supposément. On
pourrait se dire qu’après toutes ses batailles pour avoir le droit de décider par eux-mêmes
de la direction à donner à leur continent, les africains sont arrivés à leur apogée. En effet ils sont enfin reconnus comme des être humains, eh oui des textes scientifiques ont
prouvé qu’ils n’étaient pas juste des bêtes de somme finalement, ils sont constitués en
«États» reconnus par la communauté internationale, ils siègent même à l’ONU, lieu de
rassemblement où il faut être vu quand on veut avoir un droit de parole. La mascarade
s’arrête là.
Dans la plupart des pays d’Afrique subsaharienne, les élections sont toujours menées
sous l’œil des observateurs étrangers, comme si les africains n’étaient pas capables de
gérer leurs affaires à l’interne. Il faut toujours que tout se passe sous l’œil paternaliste des
occidentaux et si encore c’était vraiment pour s’assurer que tout se passe selon les
normes, ça pourrait se comprendre, mais non il s’agit toujours de protéger les intérêts
occidentaux. Et de quels intérêts parle t-on ici, des intérêts économiques bien sûr. En
effet même si les pays d’Afrique subsaharienne sont indépendants, ils ne le sont pas
encore assez pour gérer eux-mêmes leurs ressources naturelles, la richesse de leur sol, ou
de leurs forêts, ou encore des cours d’eaux qui traversent leurs pays, non ils ont toujours
besoin de «l’aide occidentale». Troisième blessure, et de loin la plus profonde parce
qu’elle se creuse lentement, mais sûrement sans faire de vague, resserrant de plus en plus
les liens autour de ce peuple déjà si meurtri.
Un peuple crie pour son autonomie et son autodétermination, pour avoir le droit de
penser librement, d’agir selon ses traditions, de faire ses erreurs et les réparer soi-même
sans recevoir une avalanche de roquettes sur la tête. Un peuple crie à la liberté.
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