Fatiguée de porter un masque
Sourire, sourire tout le temps. Présenter une face imperturbable, prendre sur soi, ne surtout pas paraître faible ou fragile, cela pourrait attirer des prédateurs. Se protéger constamment pour faire face au monde. Telle est ma réalité depuis mon enfance. Ce masque je l'ai adopté quand j'ai compris que le monde ne pourrait pas toujours comprendre l'angoisse et les peurs qui m'habitent. J'imagine que vous voulez avoir plus de détails.
À l'âge de 6 ans j'ai développé une agoraphobie, bien sur à cet âge je ne savais pas que cette angoisse, cette peur sournoise qui vous habite lorsque vous êtes dans une foule se nommait l'agoraphobie. Tout ce que je savais c'est que j'étais absolument terrifiée quand je devais entrer dans ma salle de classe. J'avais l'impression que les murs se refermaient sur moi, mon coeur battait tellement fort qu'il donnait l'impression d'être une caisse de batterie. J'avais les mains moites, la bouche sèche, j'étais littéralement paralysée par la peur. Mais comment expliquer cela aux adultes qui m'entouraient? Comment faire comprendre que j'avais peur de la foule à des personnes vivant dans une culture où les émotions sont anesthésiées?
Alors je mentais, j'inventais des excuses pour ne pas aller à l'école. Jusqu'au jour où un des employés de ma mère s'est dit qu'il était assez inhabituel pour une école d'être aussi souvent fermée. Il m'a traîné de force sur tout le chemin de l'école, parce que je ne voulais pas y aller. J'étais terrifiée, je me battais parce que j'avais l'impression que j'allais mourir, mon coeur cognait tellement fort que je me disais que si je ne meure pas de peur, je mourrais probablement parce qu'il serait sorti de ma poitrine. J'avais peur et j'avais beau le crier, le hurler, il ne comprenait pas.
Cette peur était trop abstraite, trop irrationnelle pour qu'il la saisisse. Comment pourrait-il comprendre que du jour au lendemain l'enfant courageuse que j'étais était devenue cette poltronne incapable de confronter son ombre? incapable de sortir de chez elle, de se retrouver dans le noir? Il ne voyait pas le danger d'une salle de classe, il ne comprenait pas que c'était la peur de l'autre, la peur des autres parce que se retrouver en présence des autres ne m'avait apporté que du mal. Non il ne comprenait pas et d'ailleurs personne ne comprenait.
Aussi, du haut de mes 6 ans j'ai pris la décision froide et rationnelle de porter un masque de protection; il fallait protéger l'enfant que j'étais, la personne qui restait de moi. J'ai donc pris mes désirs, ma volonté, ma personnalité, bref ce qui fait de moi ce que je suis et je l'ai caché au plus profond de ma personne, dans un coin très reculé, très sombre. Et je suis devenue le masque, froid, forte, avec ce sourire de pacotille collé sur le visage en toute circonstance.
Aujourd'hui je veux être libérée du masque, je suis fatiguée. Nourrir un tel subterfuge pendant toutes ces années m'a épuisé. J'ai du entretenir deux personnalités pendant 30 ans et je n'en peux plus. La question est de savoir si je suis prête à laisser sortir la vraie moi, de la laisser voir la lumière au bout du tunnel. Il n y a plus de danger aujourd'hui, j'ai grandi, je sais me défendre, du moins je le crois. Et surtout j'ai Jésus.
Ma confiance est en toi
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