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Un puits sans fond |
Tout commence par un puits; un puits sans fond dans lequel on
perd pied; il n’ y existe aucune fondation sur laquelle s’appuyer pour sortir.
On s’engouffre peu à peu et la lumière disparait à l’horizon. Telle était ma
vie au début de ce voyage; l’obscurité opaque, continuelle et ne laissant
aucune lueur d’espoir. J’étouffais littéralement sous le poids de la vie et je
ne rêvais que d’une chose, le repos. Je ne pensais pas nécessairement à la
mort, mais plutôt à un état où mon âme pourrait enfin cesser d’être l’assaut de
ces vagues incessantes de tristesse, de douleur et de rejet. Je n’aspirais qu’à
fermer les yeux et à me laisser aller; mais cela aurait été trop facile et
j’avais bien compris que dans cette vie, rien n’est facile.
Sans vouloir faire l’apologie du suicide, ceux
qui disent que c’est la porte que choisissent les lâches n’ont jamais tenu un
couteau sur leurs veines et essayer de rassembler tout le courage nécessaire
pour appuyer. Croyez moi, cela demande un peu de courage et je n’en avais pas.
On peut dire aujourd’hui qu’une chance que je n’en avais pas.
Le repli sur soi
Alors à la place,
je me suis emmurée dans une chambre et je me suis empiffrée de gâteaux. Je ne
vous dis pas le « bien » que cela a fait à ma ligne, mais c’est
surement mon pèse-personne qui était le plus à plaindre. Le pauvre a du
développer très rapidement le concept de l’adaptation. Au début il ne supportait
qu’un poids de 160 livres, ce qui n’était déjà pas mal, mais il a du se
réajuster pour être capable de supporter 300 livres.
Je vous raconte tout ceci pour vous dire que
quand je suis montée dans cet avion en destination du bonheur, je ne venais pas
d’un bon endroit. J’avais deux choix, soit je laissais les sables mouvants m’envelopper,
soit je décidais que je voulais m’en sortir. Et là je viens de vous donner une
clé importante, la décision. J’ai longtemps cru que pour sortir de cette
dépression, il fallait que je reprenne d’abord le contrôle de mes émotions et
comme je n’y arrivais pas, je me disais qu’il fallait arrêter de lutter et
juste se laisser aller. Il a fallu une intervention d’un lointain personnage
pour que je comprenne que tout commençait par une décision, une simple décision. Vouloir sans nécessairement avoir la capacité en nous d'obtenir ce qu'on veut, c'est ce qu'on appelle la foi. Je devais décider de vivre, même si je n'en avais plus les capacités émotionnelles. La vie était devenue trop lourde, mais comme je n'étais pas capable de me l'ôter, j'avais le choix de rester dans cette misère sans fin et croyez moi c'est l'enfer, ou de choisir de vivre, même si je ne savais pas trop comment le faire.
Vivre
Vivre... c'est quoi exactement? Je veux dire c'est bien plus qu'inspirer de l'air dans ses poumons et l'expirer, parce que j'étais pas mal bonne dans la respiration, c'est tout le reste qui était plus compliqué. Ouvrir les yeux, se lever de son lit, prendre une douche, pouvoir établir un contact avec les autres de façon saine (sans avoir constamment envie de les arracher la tête, parce qu'on a tellement mal qu'on voudrait juste transmettre cette douleur aux autres). Aller travailler, étudier, être capable pendant huit heures de faire taire ce hurlement assourdissant dans notre âme pour se concentrer à absorber des informations et à transformer ces informations en un produit qui nous mériterait un salaire. Honnêtement je ne sais pas ce qui était le plus difficile, mais si je devais choisir, je dirais que c'était probablement ouvrir les yeux. Vivre c'était pour moi comme de recevoir un millier de couteaux en plein coeur, mais pour arrêter la souffrance, il fallait que j'accepte de faire ce pas de foi.
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