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La paix à l'horizon |
L'intervention
J’aimerais vous parler un peu plus de ce lointain personnage
qui a été la clé de ma restauration. J’aurais aimé vous dire que j’ai été
capable toute seule, comme une grande fille de me relever; de sortir de ce
gouffre et de reprendre le contrôle de ma vie, mais non. J’étais trop amochée
et trop épuisée pour cela. Je n’attendais plus grande chose de la vie, si ce
n’est la mort. Et c’est là qu’il y a eu cette intervention divine. Attendez je
vous raconte : j’étais agenouillée, en train de m’adonner à une de mes
séances d’apitoiement quotidiennes; à m’entendre, on aurait dit que je m’étais
donné comme mission de trouver tous les synonymes du mot souffrance et de
trouver toutes les tournures de phrases avec ces derniers et mon nom. Ah je
savais parler de ma souffrance, mais en parler ne m’aidait pas vraiment. En
fait cela n’arrivait même plus à susciter la pitié autour de moi. Je crois que
mon entourage ne savait plus trop quoi faire pour moi, ils ne savaient rien de
la tempête qui rageait dans mon for intérieur, j’avais juste l’air d’une ado
qui fait une crise existentielle, pas de quoi fouetter un chat. Ils ne savaient
rien de ces pilules avalées, de cette tentative de saut d’un étage ni du fameux
couteau sur les veines. Ils ne voyaient qu’une adolescente avec le visage
renfrogné et le regard mauvais. Et entre nous je ne peux pas leur en vouloir,
parce que comment le visage impassible que je faisais paraître à l’extérieur
aurait pu laisser deviner les vagues de douleur qui déferlaient dans mon âme.
Bon assez parlé de cela, je voulais vous parler de cette intervention qui a
tout déclenché. J’étais donc agenouillée et je sanglotais; j’entendis cette
voix, cette voix douce, mais ferme qui m’a dit : « Arrête de jouer
les victimes ». Je sais ce que vous pensez, vous vous dites que là c’est
sur que j’avais atteint le fond, j’étais au bord de la folie et c’est sans doute
pour cela que j’entendais des voix. Vous auriez pu avoir raison, si ce n’est
que cette voix je l’avais déjà entendu et elle m’avait déjà sauvé la vie. Parce
que ce que j’ai oublié de vous dire c’est que la dépression et les idées
suicidaires étaient de vielles amies, des amies d’enfance. Voyez-vous, toute
jeune j’ai vécu plusieurs évènements traumatisants, dont révéler les détails ne
servirait qu’à leur donner un pouvoir que je ne veux pas, et à la suite de ces
évènements j’ai été littéralement obsédée par la mort. Je cherchais
désespérément une façon de mourir sans douleur parce que pour moi c’était le
seul moyen de mettre un terme aux abus que je subissais. Mais voilà, une fois
encore je n’eus pas le courage nécessaire pour atteindre mon objectif. Et c’est
là que j’ai entendu pour la première fois cette voix, en fait c’est plutôt moi qui ait
fait appel à elle. J’étais une enfant, je n’avais pas grande notion de la
religion à part le fait qu’il paraît qu’il existe un Dieu, quelque part qui
nous aurait créé. Et très honnêtement je ne croyais pas vraiment en cette
histoire, parce qu’évidemment s’il existait, pourquoi laissait-il se produire
de telles horreurs? La question classique, n’est-ce pas! Mais bon quand on se
retrouve dans une situation désespérée, on a souvent tendance à croire à
n’importe quoi. Et c’est dans cet état d’esprit que j’ai crié à ce Dieu en qui
je ne croyais pas, du haut de mes huit ans et de lui demander de faire cesser les
abus. Je n’avais pas vraiment quelque chose de précis en tête quand je faisais
cette prière, je voulais juste que la douleur s’arrête. Et alors là, je ne vous
dis pas les coïncidences incroyables qui se sont passées et qui ont fait
disparaitre le mal. Aujourd’hui encore je ne comprends toujours pas ce
qui s’est passé, mais cela ne m’a pas empêché de prendre une décision qui
allait changer toute ma vie: j’ai décidé de confier ma vie à cet être
surnaturel à qui j’avais fais cette prière et qui avait répondu. Bien sur, je
me suis dis qu’il aurait pu intervenir avant, histoire de m’éviter ces
traumatismes, parce que bien que j’étais à l’abri des abus, le mal était fait.
J’étais un corps sans âme, une coquille vide. Peut-être c’est pour cela que je
n’étais pas fâchée, que je n’ai pas demandé des explications à cet être à qui
je devais la vie, parce qu’au fond ça m’était égal. Je ne ressentais rien, je
ne désirais rien, je me contentais de respirer, hein vous vous souvenez je vous ai dis que j'était pas mal bonne dans ça. Et je m’étais dis qu’il
était juste logique de consacrer ma vie à Dieu puisqu’il y a un proverbe qui
dit que celui qui sauve une vie en devient propriétaire. Dieu avait sauvé la
mienne, il pouvait la garder, du moins ce qui en restait.
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